LUS-LA-CROIX-HAUTE

Excursion géologique du lundi 23 mai 2011.
Accompagnateur : Ch. Griggo.

Itinéraire : Grenoble, Col de la-Croix-Haute, Les Oches (D 510), Lus-La-Croix-Haute.
Cartes : Cartes géologiques au 1/ 50 000,  Mens 844 & Saint-Bonnet 845. Cartes IGN 3237 OT et 3338 OT.
Références : Guides géologiques régionaux : Alpes du Dauphiné, J. Debelmas Masson pp.137-139. Site de Maurice Gidon : www.geol-alp.com

Contexte général : L’excursion se déroule sur des formations sédimentaires de plateforme essentiellement jurassique à crétacé, la profondeur du bassin variant suivant les épisodes de transgression et régression marine, d’où les formations calcaires à marneuses rencontrées. Affleurent aussi des dépôts cénozoïques et quaternaires, molassiques et glaciaires, entre autres. La région visitée est affectée de grands plis dont le plus remarquable est le synclinal de Lus. L’objectif de l’excursion est de cartographier des affleurements et d’identifier les fossiles.

Principaux affleurements rencontrés :

• Route des Oches D 510 (sur la gauche de la route en montant) et chemin forestier s’élevant vers la droite : Brèche calcaire, contemporaine du Tithonique (limite Jurassique, Crétacé), éléments brèchiques du Berriasien. Pendage des couches à 45°S. Bancs calcaires fins pris entre des calcaires cristallisés, d’où l’observation d’un pli disharmonique (les deux couches ne se sont pas plissées de la même façon au cours d’une même phase tectonique).
• Une faille plongeante vers le N  décroche les formations.
• On quitte le Berriasien pour rencontrer des formations plus marneuses du Valanginien (échantillonnage d’ammonites ferritisées et de bélemnites pyritisées car ces fossiles se sont formés dans un milieu réducteur).
  Le Valanginien se caractérise par des vallons herbeux (les vaches y sont heureuses, disait un professeur de géologie !).  A noter que le rostre de bélemnite correspond au crochet de la seiche actuelle. Nombreux échantillonnages pour retrouver des éléments de la planche de fossiles fournies par Ch. Griggo.
  On s’arrête sur le front d’un banc calcaire bien cristallisé compact de pendage 50°N,  intercalations de bancs calcaires plus fins  45°N, d’où l’existence d’un grand pli observé entre les premiers pendages et les pendages actuels. On est à la limite de l’Hauterivien.
  A l’observation des fossiles recueillis, Ch. Griggo explique l’adaptation, particulièrement des ammonites et des rudistes, à l’évolution des milieux : par exemple évolution des opercules et des enroulements plus ou moins ouverts des ammonites. Ces « animaux marins », maintenant  fossiles, évoluaient dans un milieu en bord de bassin, en mer peu profonde : en témoigne aussi la présence d’échinodermes et de crinoïdes qui ne vivaient en général qu’à des profondeurs ne dépassant pas quelques dizaines de mètres.
  Les dernières couches rencontrées, du Berriasien à l’Hauterivien, se sont mises en place l’une sur l’autre, avant d’être toutes basculées avec le même pendage 45°N.
  Les affleurements sont reportés sur une carte topographique fournie par Ch. Griggo en respectant les couleurs conventielles.
         

• Au carrefour de la N75 et de la route des Oches : Observation du magnifique anticlinal EW des Roches Aiguës qui est tranché par le cours du Grand Buëch. Ce pli est aussi disharmonique, puisque les plissements se sont faits dans une alternance de gros bancs (tithoniques) et de petits bancs, plus fins.
• A partir de là, en allant vers le sud, on rencontre une succession de plis EW. A noter qu’à la faveur d’une faille orientée sud, une partie sommitale de l’anticlinal a pu basculer vers le sud.

• Route de la Jarjatte : Installés sur un petit cône de déjection, nous pouvons observer le spectaculaire panorama des Aiguilles de Lus vues du côté ouest.
• C’est un ensemble particulièrement plissé puis  découpé par l’érosion d’une succession de synclinaux et d’anticlinaux venant d’un chaînon orienté NS. Un profil est tracé où des crêtes sénoniennes à faible pendage (apparent) coiffent des formations barrémiennes affectées de plis serrés.  

            Les sinuosités sont marquées au Col des Aiguilles. Le Thitonique affleure  au pied de ces formations.
            Ce panorama est encadré par les Rocs de Vachères au N et de Garnesier au S.
Sur la route de la Jarjatte, arrêt pour observer les molasses rouges (couleur lie de vin) oligocènes du bassin de Lus.
Les terrasses successives du torrent qui ont pu se former témoignent des différentes glaciations Riss et Würm.
Les dépôts (lits) examinés au bord d’une petite cascade soulignent les discordances angulaires sur un front dont une partie a été érodée avant d’être recouverte par d’autres dépôts. Sur les bancs les plus bas affleurent des rudistes. 
                                                                           

                                                                                      Désiré Corneloup        Mai 2011
 

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